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L’IA générative n’est pas tant une rupture qu’une continuité, explique le politologue Henry Farrell. Elle va produire surtout des déploiements ennuyeux et techniques permettant de fluidifier les organisations. Une société de la synthèse, qui va renforcer la cohérence plus que l’analyse.
Le collectif Impact AI, en collaboration avec le cabinet d’audit et de conseil KPMG et BNP Paribas, a publié hier la première édition de son “Observatoire de l’IA responsable”. Ce rapport, réalisé avec l’institut de sondage Viavoice et le centre de prospective GCF, analyse les perceptions des salariés du secteur privé en France quant au déploiement de l’IA dans leur entreprise.
La traduction automatique n’a pas été conçue à des fins professionnelles, mais pour produire une traduction moins chère et suffisante. C’est-à-dire, une ubérisation.
En amont du sommet sur l'IA, les participants au projet Dial-IA, visant à faciliter le dialogue social technologique au sein des entreprises et des administrations, ont présenté les résultats de leurs travaux.
En pratique, Dial-IA propose différents arguments et documents susceptibles de servir au sein des organisations : un registre des systèmes d’IA, pour faciliter la collecte d’information (et le suivi) des projets, des kits de survie pour mener les dialogues sociaux en entreprise ou dans les administrations, mais aussi des fiches visant à faciliter les discussions à des moments spécifiques du déploiement des systèmes
La Société Informatique de France (SIF) partage sur binaire un cycle d’interviews sur l’impact de l’Intelligence Artificielle (IA) sur les métiers, en commençant ici par l’impact de l’IA sur les industries culturelles et créatives, grâce à une interview de Quentin Auger, Directeur de l’Innovation chez Dada !
À l’occasion de la publication de son livre « L’IA aux Impôts », Solidaires Finances Publiques a donné une conférence de presse pour détailler ses constats et inquiétudes relatifs au déploiement de l’intelligence artificielle au fisc.
Pour détailler les implications de ces bouleversements, le syndicat a donc publié L’IA aux impôts, Réflexions et actions syndicales aux éditions Syllepses, riche analyse des effets concrets du déploiement de ces technologies au sein d’une administration française.
Sur les 4 199 répondants à travers le pays, 20 % déclarent utiliser des outils d’IA dans leurs missions. Sur le terrain, cela dit, l’efficacité de ces outils reste « relative » : plus de 85 % de leurs usagers déclarent que ces outils ne leur permettent pas de se « consacrer à d’autres tâches plus intéressantes », et plus de 90 % déclarent que l’utilisation de l’IA ne donne pas « plus de sens à [leur] travail ».
L’IA générative ne va ni nous augmenter ni nous remplacer, mais vise d’abord à mieux nous exploiter, expliquent Aiha Nguyen et Alexandra Mateescu de Data & Society. En s’intégrant aux applications de travail, elle promet de réduire les coûts même si elle n’est pas pertinente, elle vient contraindre l’activité de travail, et renforce l’opacité et l’asymétrie de pouvoir.
Pour l’instant, pour contester « la marchandisation non rémunérée de leur travail », les travailleurs ont peu de recours, alors que cette nouvelle couche d’exploitation pourrait avoir des conséquences à long terme puisqu’elle vise également à substituer leur travail par des outils, à l’image de la prolifération de mannequins virtuels dans le monde de la mode.
Le recours à l’IA générative renforce également la surveillance et la datafication du lieu de travail, aggravant des décisions automatisées qui sont déjà très peu transparentes aux travailleurs. Automatisation de l’attribution des tâches, de l’évaluation des employés, de la prise de mesures disciplinaires… Non seulement le travail est de plus en plus exploité pour produire des automatisations, mais ces automatisations viennent contraindre l’activité de travail.
L’IA générative est souvent introduite pour accélérer la production et réduire les coûts. Et elle le fait en extrayant la valeur des travailleurs en collectant les données de leur travail et en les transférant à des machines et à des travailleurs moins coûteux qui vont surveiller les machines. A mesure que les travailleurs sont réduits à leurs données, nous devons réfléchir à comment étendre les droits et les protections aux données produites par le travail.
Précaires, isolés et cachés par les plateformes, les travailleur·euses de données sont aussi invisibles qu'essentiels. Sans ces personnes, pas de ChatGPT, Midjourney ou Gemini. Elles demandent d'urgence un cadre légal à leur travail.
Isolés, précarisés et mis en concurrence pour une simple tâche, les travailleur·euses du clic sont invisibilisés par de grandes entreprises de la Tech. Faute de contrat de travail, ils et elles n’ont aucune sécurité dans leur emploi.
Créé par le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités et Inria en 2021, le LaborIA est un programme de recherche-action centré sur l’analyse des impacts de l’Intelligence Artificielle (IA) sur le travail, l’emploi et les compétences. Après deux années d’enquêtes opérées par Matrice (institut d'innovation étudiant notamment les effets sociaux de l'IA), le LaborIA « Explorer » publie des résultats inédits sur les interactions humain-machine et les enjeux d'appropriation de l'IA dans le monde du travail, et formule des recommandations.
Le projet DIALIA (“Dialogue IA”) est coordonnée par l’IRES, en partenariat avec quatre des organisations syndicales membres de l’Institut : la CFDT, la CFE-CGC, FO Cadres, l’UGICT CGT, Le projet est cofinancé par l’ANACT. Il vise à contribuer à déployer un cadre méthodologique partagé pour faire du développement du dialogue social technologique au travail et de la déclinaison de l’accord cadre européen de 2020 sur la numérisation du travail un levier opérationnel de la transformation numérique.
Pour alimenter les modèles d’IA et valider les algorithmes, le travail humain est indispensable. Enquête à Madagascar sur les dessous de « l’IA à la française ».
Récemment une enquête du Time révélait que des travailleurs kényans payés moins de trois euros de l’heure étaient chargés de s’assurer que les données utilisées pour entraîner ChatGPT ne comportaient pas de contenu à caractère discriminatoire.
Rendre visible l’implication de ces travailleurs c’est questionner des chaînes de production mondialisées, bien connues dans l’industrie manufacturière, mais qui existent aussi dans le secteur du numérique. Ces travailleurs étant nécessaires au fonctionnement de nos infrastructures numériques, ils sont les rouages invisibles de nos vies numériques. C’est aussi rendre visible les conséquences de leur travail sur les modèles. Une partie des biais algorithmiques résident en effet dans le travail des données, pourtant encore largement invisibilisé par les entreprises. Une IA réellement éthique doit donc passer par une éthique du travail de l’IA.
Selon de nombreux discours politiques et médiatiques, les promesses des intelligences artificielles (IA), s’ajoutant aux autres outils visant à automatiser le travail, n’annonceraient rien de moins que la fin du travail et la destruction de la plupart des emplois à moyen terme. Le sociologue du travail et des relations professionnelles Juan Sebastian Carbonell, qui développe ses recherches à partir du point de vue du monde du travail, bat en brèche dans "Le futur du travail" ce scénario. Les IA, les robots, les machines ne remplacent en effet jamais complètement les travailleur·euses. Mais leur introduction modifie en revanche profondément les conditions dans lesquelles leur activité s’exerce. Souvent dans le sens d’une dégradation.
Avec « En attendant les robots », le sociologue Antonio A. Casilli s’attaque à l’un des principaux mythes des sociétés occidentales contemporaines : le développement sans frein de la technologie va conduire à la disparition du travail ; les humains sont condamnés à être remplacés par des « intelligences artificielles ». Or, en se penchant sur l’arrière-cuisine du secteur numérique, Casilli montre à quel point ces intelligences dites artificielles sont en réalité « largement faites à la main », par une armée de réserve de l’industrie numérique composée de travailleurs et travailleuses précaires qui se tuent à la microtâche.
Vous vous souvenez ? En conclusion de notre dossier sur le recrutement automatisé, on évoquait la possibilité prochaine qu’à l’automatisation des recrutements répondent l’automatisation des candidatures. Eh bien nous y sommes, explique 404media en évoquant AIHawk, un assistant de recherche d’emploi déposé sur Github, qui permet de postuler à des emplois sur LinkedIn à grande échelle.