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Une intelligence simplement humaine n’a jamais existé : les esprits individuels et collectifs n’ont cessé de se transformer à travers l’évolution des supports artificiels qui permettent de les extérioriser. Pourquoi alors, aujourd’hui, les machines deviennent-elles « spirituelles » ? Pourquoi, au lieu de libérer les humains du travail, semblent-elles transformer leur utilisateurs en ressource ? Au cours de ce voyage dans l’écologie mentale du numérique au temps de l’IA, Anne Alombert montre la naissance d’une technologie intellectuelle d’asservissement des esprits, générant la prolétarisation linguistique et symbolique, homogénéisant le langage et éliminant les singularités. L’espoir se loge dans la collaboration des esprits qu’une telle technologie présuppose.
L’attribution des capacités humaines aux « machines » serait ainsi au service d’un processus d’identification, qui permet à l’homme de s’attribuer en retour la puissance de la machine, de se masquer sa propre vulnérabilité et d’exercer sa domination ou sa supériorité.
Le rapport anthropomorphique, hypnotique et magique à la technique permet aussi de masquer les infrastructures matérielles et les ressources naturelles nécessaires au fonctionnement de ce qui s’apparente plus à un système hyperindustriel réticulaire qu’à une « machine » à proprement parler : plutôt que des « machines intelligentes » ou des « machines spirituelles », les automates computationnels que nous mobilisons quotidiennement fonctionnent en réseau, à travers la réticulation planétaire de terminaux, de câbles, de centres de données et de satellites, dont le fonctionnement a de lourdes conséquences du point de vue écologique.
Suite et fin de la transcription de la première partie dédiée à l'histoire de l'IA.
Pour introduire à l’IA, j’ai conseillé la lecture d’Intelligence artificielle. Triomphes et déceptions de la chercheuse et spécialiste Melanie Mitchell. Elle a donné récemment une conférence The Future of Artificial Intelligence qui intègre la question des IA génératives. Cette conférence est vraiment bien faite, elle couvre l’histoire de l’IA jusqu’à aujourd’hui, donne juste ce qu’il faut d’explication technique et aborde des problèmes cruciaux. Mais elle est en anglais, ce qui peut être un obstacle pour un public déjà non spécialiste de l’IA et de plus francophone. J’ai projeté d’en faire une adaptation écrite et demandé son accord à Melanie Mitchell. Ce qu’elle a fait immédiatement et je l’en remercie vivement.