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IA qu’à m’expliquer profite des deux ans de ChatGPT pour recevoir pour ce 15e épisode le journaliste français Thibault Prévost, qui vient de publier Les prophètes de l’IA, pourquoi la Silicon Valley nous vend l’apocalypse (Ed. Lux). Il décortique la façon dont les Sam Altman et autres Elon Musk promeuvent l’intelligence artificielle de façon à anesthésier toute discussion politique sur l’idéologie qui se cache derrière leurs technologies. Un podcast qui s’intéresse également à la stagnation des entreprises qui développent ces grands modèles de langage.
Alors que le développement de l’intelligence artificielle progresse à une vitesse fulgurante, certains des hommes les plus riches du monde sont peut-être en train de décider du sort de l’humanité. Les prévisions en matière d’évolution de l’IA oscillent entre promesses évolutionnistes peu crédibles et anticipations dans lesquelles l’IA menacerait l’existence même de l’espèce humaine.
Cette thèse d’une possible extinction de notre espèce se déploie dans différents milieux, dont certains liés à l’industrie de l’IA, et incitent certains acteurs à en appeler à un ralentissement voire un arrêt total de son développement.
Tandis que l’idée du risque existentiel semble gagner du terrain rapidement, une grande publication publie presque chaque semaine un essai soutenant que le risque existentiel détourne l’attention des préjudices existants. Pendant ce temps, beaucoup plus d’argent et de personnes sont discrètement consacrés à rendre les systèmes d’IA plus puissants qu’à les rendre plus sûrs ou moins biaisés.
De la même manière que les logiciels ont « mangé le monde« , il faut s’attendre à ce que l’IA présente une dynamique similaire de « winner-takes-all » qui conduira à des concentrations de richesse et de pouvoir encore plus importantes.
Dans son essai Les prophètes de l'IA, paru le 25 octobre aux éditions Lux, le journaliste Thibault Prévost - également pigiste pour Usbek & Rica - dresse un portrait démystificateur des grands noms de l'intelligence artificielle qui nous vendent la fin des temps. Entretien.
Avec la sortie de GPT-4, la ferveur médiatique autour des IA génératives atteint des sommets. Présentés comme la solution miracle à tous nos problèmes, les modèles génératifs nourrissent tous les fantasmes des techno-utopistes et "experts en IA" de Twitter. Pourtant ils ne résolvent en rien les problèmes des entreprises (cloisonnement des données et connaissances, système d’information sclérosé, gigantesque dette numérique…) et risquent même d’aggraver l’infobésité ou la désinformation. Plutôt que de participer à l’hystérie collective, je préfère adopter une approche critique et poser une question essentielle : quel problème essaye-t-on de résoudre ?
Cela fait 15 ans que nous nous plaignons et cherchons à lutter contre l’infobésité, pourquoi se réjouir de l’avènement des IA génératives ? Est-ce que ça ne serait pas plus viable d’apprendre aux collaborateurs à envoyer moins d’emails et à reporter les pratiques de communication / collaboration sur des outils qui sont conçus pour ?
Selon de nombreux discours politiques et médiatiques, les promesses des intelligences artificielles (IA), s’ajoutant aux autres outils visant à automatiser le travail, n’annonceraient rien de moins que la fin du travail et la destruction de la plupart des emplois à moyen terme. Le sociologue du travail et des relations professionnelles Juan Sebastian Carbonell, qui développe ses recherches à partir du point de vue du monde du travail, bat en brèche dans "Le futur du travail" ce scénario. Les IA, les robots, les machines ne remplacent en effet jamais complètement les travailleur·euses. Mais leur introduction modifie en revanche profondément les conditions dans lesquelles leur activité s’exerce. Souvent dans le sens d’une dégradation.