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La pensée de Félix Guattari permet d’éclairer les coûts cachés des IA génératives, qui s’appuient sur un extractivisme pillant les ressources naturelles et culturelles.
Quelle que soit leur utilité potentielle, la généralisation de ces systèmes semble donc aller de pair avec un épuisement des ressources naturelles, au détriment des besoins fondamentaux des citoyens et de l’avenir de nos écosystèmes communs.
« Les entretiens de l’IA ». L’essayiste, activiste et auteur Cory Doctorow observe que « beaucoup d’investissements affluent chez les fabricants de modèles d’IA qui, souvent, perdent de l’argent ».
Selon Doctorow, l’IA est une bulle technologique en voie d’éclatement en raison du décalage existant entre les coûts engendrés et les revenus estimés. Cet entretien se réfère à une autre chronique de 2023 rédigée par l’essayiste américain : https://locusmag.com/2023/12/commentary-cory-doctorow-what-kind-of-bubble-is-ai/. Cory Doctorow précisait alors que dans le domaine de la tech, deux types de bulles coexistent : celles qui ne laissent place qu’aux dérives sociales, à la spéculation et à l’accumulation des richesses entre une poignée d’acteurs, et celles qui parviennent à faire émerger des dynamiques positives de long terme (partage de connaissances, création d’écosystèmes, etc.).
Les systèmes sollicitant une intelligence artificielle (IA) consomment de l’énergie et des ressources pour fonctionner. Mais concevoir des IA qui consomment le moins possible, c’est prendre le risque de subir l’effet rebond : quand l’efficience d’une IA la rend moins coûteuse et plus facile à embarquer, son utilisation peut augmenter… et son impact environnemental avec ! Initiative du ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, l’AFNOR Spec 2314 énonce des méthodologies de calcul et des bonnes pratiques pour mesurer et réduire l’impact environnemental de l’IA, et pour communiquer avec des allégations justes et vérifiables.
Les progrès de l'intelligence artificielle éblouissent mais interrogent : la technologie ne passe-t-elle pas à côté de l'essentiel ? Dans les années 1970, des informaticiens hippies rêvaient de machines qui aident à développer notre intelligence « naturelle » et notre rapport au monde.
Chercher à développer une économie socialisée de l’intelligence artificielle, n’est-ce pas encore capituler face à la Silicon Valley ? Une IA « communiste » ou « socialiste » doit-elle se limiter à décider qui détient et contrôle les données ou à modifier les modèles et les infrastructures informatiques ? Ne pourrait-elle être porteuse de transformations plus profondes ?
Au lieu de renforcer une approche actuelle fondée notamment sur des objectifs de productivité, Morozov appelle à mobiliser « l’éducation et la culture, les bibliothèques et les universités », afin « d’ouvrir à tous, sans considération de classe, d’ethnicité ni de genre, l’accès à des institutions et des technologies qui favorisent l’autonomie créatrice et permettent de réaliser pleinement ses capacités. »
Les centres de données, ces infrastructures essentielles au fonctionnement de l’ère numérique, sont au cœur d’une controverse majeure. Selon une analyse récente, entre 2020 et 2022, les émissions de gaz à effet de serre des centres de données appartenant à des géants de la technologie comme Google, Microsoft, Meta et Apple étaient environ 662% plus élevées que ce qu’ils ont déclaré officiellement. Cette révélation soulève des questions cruciales sur la transparence et la responsabilité environnementale de ces entreprises.
Trois chercheuses de la plateforme d'hébergement de projets d'IA Hugging Face, Sasha Luccioni, Bruna Trevelin et Margaret Mitchell ont rassemblé les connaissances disponibles actuellement à propos de l'impact de l'IA sur l'environnement. Elles constatent encore trop peu de transparence sur les besoins énergétiques de chaque application d'IA, elles parcourent l'ensemble des connaissances actuellement disponibles.
L’intelligence artificielle (IA) est en passe de devenir la « technologie clé de l’avenir ». Mais qu’entend-on exactement par « IA » et comment affecte-t-elle notre quotidien ?
Dans ce cours, vous découvrirez ce que recouvre vraiment l'intelligence artificielle : ses enjeux, ses possibilités, son fonctionnement scientifique ainsi que ses sous-disciplines, comme le Machine Learning et le Deep Learning.
Selon de nombreux discours politiques et médiatiques, les promesses des intelligences artificielles (IA), s’ajoutant aux autres outils visant à automatiser le travail, n’annonceraient rien de moins que la fin du travail et la destruction de la plupart des emplois à moyen terme. Le sociologue du travail et des relations professionnelles Juan Sebastian Carbonell, qui développe ses recherches à partir du point de vue du monde du travail, bat en brèche dans "Le futur du travail" ce scénario. Les IA, les robots, les machines ne remplacent en effet jamais complètement les travailleur·euses. Mais leur introduction modifie en revanche profondément les conditions dans lesquelles leur activité s’exerce. Souvent dans le sens d’une dégradation.
Avec « En attendant les robots », le sociologue Antonio A. Casilli s’attaque à l’un des principaux mythes des sociétés occidentales contemporaines : le développement sans frein de la technologie va conduire à la disparition du travail ; les humains sont condamnés à être remplacés par des « intelligences artificielles ». Or, en se penchant sur l’arrière-cuisine du secteur numérique, Casilli montre à quel point ces intelligences dites artificielles sont en réalité « largement faites à la main », par une armée de réserve de l’industrie numérique composée de travailleurs et travailleuses précaires qui se tuent à la microtâche.
Vous vous souvenez ? En conclusion de notre dossier sur le recrutement automatisé, on évoquait la possibilité prochaine qu’à l’automatisation des recrutements répondent l’automatisation des candidatures. Eh bien nous y sommes, explique 404media en évoquant AIHawk, un assistant de recherche d’emploi déposé sur Github, qui permet de postuler à des emplois sur LinkedIn à grande échelle.
Antoinette Rouvroy, philosophe et chercheuse en droit à l’Université de Namur, étudie de longue date les enjeux politiques et sociaux des algorithmes. Nous lui avons demandé de quelle manière les systèmes d’intelligences artificielles (IA) travaillaient et transformaient actuellement nos démocraties. Et le danger des algorithmes, ou plutôt du « capitalisme sous stéroïde algorithmique », ne semble pas tant celui de perturber l’information des citoyen·nes ou même les élections. Mais, en flattant notre hyperindividualisme, ces processus nous fragmentent et court-circuitent ce qui fonde même les démocraties : le besoin et le désir de commun. Un moment constitutionnel pourrait bien constituer l’antidote à cette colonisation des esprits par le numérique marchand.
On ne peut pas comprendre le développement phénoménal des algorithmes aujourd’hui sans saisir les reconfigurations du capitalisme de ces 20 dernières années. C’est ce que montrent deux enseignant-chercheurs, Jonathan Martineau et Jonathan Durand Folco, respectivement à l’Université Concordia (Montréal) et à l’Université de Saint-Paul (Ottawa) dans "Le capital algorithmique".
Ce livre développe en 20 thèses de quoi réfléchir de manière puissante, critique et multidimensionnelle les logiques algorithmiques et les intelligences artificielles qui bouleversent nos vies actuellement, le plus souvent au profit du marché. Selon eux, les changements techniques, économiques, sociaux et politiques sont tels que nous sommes passés à une nouvelle phase du capitalisme. Celui-ci, devenu algorithmique, affecte de multiples sphères de la société. Dont le fonctionnement de nos démocraties.
Tant la figure de l’algorithme que celle de l’intelligence artificielle (IA) bénéficient d’une popularité sans pareille dans les médias. Cet engouement est d’autant plus surprenant en regard de la technicité de ce thème. Malheureusement, ce traitement médiatique relègue souvent l’analyse du sujet à des considérations techniques au détriment de ses dimensions sociales. Pourtant, si ces artefacts informatiques étranges méritent bien d’être questionnés au sein de l’espace public, c’est pour l’influence qu’ils peuvent exercer aujourd’hui sur nos modes de vie et nos opportunités de faire société. Lorsque l’on parle à la fois d’influence et d’IA, c’est la thématique des « biais algorithmiques » qui fait généralement les gros titres. À travers cet article, nous allons essayer d’insérer un peu de nuance dans ce débat sans pour autant négliger certaines technicités.