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Calculs ratés, fausses informations… La première version de l’IA générative soutenue par l’État français a fait les frais de nombreuses moqueries en raison de ses incohérences. Ses créateurs, eux, assurent que cette version n’est qu’une ébauche perfectible.
Avec l’Observatoire des algorithmes de services publics, des expertes du sujet cherchent à mieux comprendre comment l’administration s’empare de l’IA et à ouvrir le débat sur l’usage de ces technologies.
Notre objectif est donc double : il s’agit d’une part de centraliser des informations qui sont difficilement accessibles, donc de créer une plateforme sur laquelle tous ces éléments seraient accessibles. La seconde raison est de montrer la variété de ce qui se cache derrière le terme d’ « algorithmes publics », montrer que ça peut aussi bien être des algorithmes sophistiqués que des algorithmes par règles, qui automatisent pour autant aussi la décision publique.
Face au nombre croissant de décisions administratives individuelles prises sur la base de résultats livrés par des algorithmes ou systèmes d’IA, la Défenseure des droits s’inquiète des risques qu’induit cette algorithmisation des services publics pour les droits des usagers. Elle présente plusieurs recommandations afin que les garanties prévues par la loi soient pleinement concrétisées.
L’IA dans les services publics, on en parle plus qu’on ne la voit, regrette le syndicat Solidaires Finances Publiques qui tente de faire le point de ses déploiements au Trésor Public. Les représentants du personnel dénoncent des déploiements opaques pour les usagers comme pour les personnels et regrettent que les agents soient si peu associés aux projets. Ce qui n’est pas sans conséquence sur leur travail et sur la capacité même des agents des impôts à accomplir leur mission. C’est la force de leurs réflexions : faire remonter les difficultés que le déploiement de l’IA génère et nous rappeler que l’enjeu de l’IA n’a rien de technique.
Dans l’administration publique, l’IA est d’abord un prétexte, non pour améliorer les missions et accompagner les agents, mais pour réduire les personnels. Le risque est que cela ne soit pas un moyen mais un but. Faire que l’essentiel du contrôle fiscal, demain, soit automatisé. Le sujet de l’IA vient d’en haut plutôt que d’être pensé avec les équipes, pour les aider à faire leur métier. Ces exemples nous rappellent que le déploiement de l’IA dans les organisations n’est pas qu’un enjeu de calcul, c’est d’abord un enjeu social et de collaboration, qui risque d’écarter les personnels et les citoyens des décisions et des orientations prises.
Pour cette troisième édition, le baromètre de l'observatoire Data Publica a interrogé près de 300 collectivités sur leurs pratiques en matière de données, d'intelligence artificielle et de cybersécurité. Cette enquête, à laquelle ont participé de nombreuses communes de moins de 3.500 habitants (43% de l'échantillon), a été complétée par un sondage réalisé par l'Ifop auprès de 1.000 personnes représentatives de la population française.
Mi-2024, plus d'une collectivité sur deux (51%) annonce avoir mis en place un système d'intelligence artificielle ou en prévoir un dans l'année à venir. Les domaines de prédilection de l'IA sont l'administration interne (29%) et la relation usagers (11%), les enjeux smart city (mobilité, eau, déchets, sécurité) recueillant pour leur part chacun aux alentours de 10-12%. Les grandes collectivités montrent cependant une fois de plus une plus grande maturité. 75% des régions et 62% des métropoles ont déjà engagé des projets d'IA.
Si les collectivités sont désormais majoritaires à prendre le tournant de la data et de l'IA, il leur restera à convaincre les Français dans le contexte d'une aggravation des menaces cyber. Car les Français, et notamment les plus âgés d'entre eux, restent sceptiques face à l'usage croissant des données : 55% voient cette tendance négativement, le chiffre pour l'IA étant quasi identique (51%).
Le nombre d’algorithmes utilisés par le service public en France ne fait qu’augmenter depuis de nombreuses années. Pourtant, il est difficile d’en obtenir une vision d’ensemble. Un inventaire peut-il être une réponse ?
Le secteur public participe activement à cette évolution [IA] : en France, de nombreuses administrations se sont engagées dans l’expérimentation et l’utilisation d’outils algorithmiques, y compris dans des secteurs clés tels que la justice, les armées, l’éducation ou les finances publiques. Aujourd’hui, de tels algorithmes servent à documenter, orienter, voire automatiser les décisions publiques. Leur utilisation soulève ainsi d’importantes questions en termes de responsabilité, de compréhension et d’égalité de l’action publique.
Les administrations utilisant des algorithmes sont soumises à des obligations de transparence, instaurées en 2016 par la loi pour une République numérique. En 2021, la France a renforcé cet engagement en promettant de réaliser un inventaire des algorithmes publics dans le cadre du Partenariat pour un Gouvernement Ouvert. Pourtant, en pratique, l’usage d’algorithmes par les administrations publiques reste encore opaque. Dans les cas, rares, où ces outils font l’objet de communications, les informations diffusées demeurent souvent incomplètes ou difficiles d’accès. Seules quelques administrations ont publié des inventaires des algorithmes qu’elles utilisent, par ailleurs partiels pour la plupart.
Moins de la moitié des algorithmes recensés soumis à l’obligation de transparence posée par le code des relations entre le public et les administrations (CRPA) respectent cette obligation. Seuls 4% des algorithmes répertoriés dans l’inventaire ont fait l’objet d’une évaluation interne diffusée publiquement. Il est également presque impossible de savoir combien ces systèmes ont coûté (3 projets seulement sur 72 ont diffusé un budget), sur quelles données ils ont été entrainés, ou pourquoi un algorithme a été choisi plutôt qu’un autre.
Le projet DIALIA (“Dialogue IA”) est coordonnée par l’IRES, en partenariat avec quatre des organisations syndicales membres de l’Institut : la CFDT, la CFE-CGC, FO Cadres, l’UGICT CGT, Le projet est cofinancé par l’ANACT. Il vise à contribuer à déployer un cadre méthodologique partagé pour faire du développement du dialogue social technologique au travail et de la déclinaison de l’accord cadre européen de 2020 sur la numérisation du travail un levier opérationnel de la transformation numérique.
L’utilisation de l’intelligence artificielle par l’administration est connue de 46 % des Français et les trois quarts d’entre eux se disent préoccupés par cet usage, selon l’enquête Acteurs publics/EY pour l’Observatoire des politiques publiques réalisée par l’Ifop.
Classée 6e mondiale selon l’indice de préparation des administrations à l’IA en 2023 (étude Oxford Insights), la France se distingue par son adoption proactive de l’IA pour transformer ses services. Dans son rapport “IA et action publique” publié en 2022, le Conseil d’État avait déjà répertorié des centaines de cas d’usage où l’IA améliore les opérations, les prises de décision et les relations aux citoyens. Depuis, le nombre des applications IA a considérablement augmenté et s’est ancré dans les pratiques. Nous observons également que les projets IA améliorent indirectement de nombreux autres aspects du fonctionnement des administrations : approches plus agiles, itératives et collaboratives, harmonisation des pratiques ou encore digitalisation de fonctions traditionnellement moins digitales.