Quotidien Shaarli
December 5, 2024

C'est un phénomène qui prend de l'ampleur. Plusieurs millions de personnes vivent des relations passionnelles avec des avatars.
Amélie Cordier, docteure en intelligence artificielle, s’inquiète notamment pour les mineurs : « Avec ces applications, on parle à quelqu’un qui nous répond et qui nous dit ce qu’on a envie d’entendre. C’est le partenaire idéal, mais ce n’est pas une relation humaine. On risque de se déconnecter progressivement de la réalité, et d’apporter peut-être plus de crédit aux conseils de ces IA qu’à ceux de nos proches, qui n’hésitent parfois pas à nous contredire ». Un exemple extrême : l’an dernier, un jeune père de famille belge, très éco-anxieux, s’est suicidé après des échanges répétés avec un chatbot qui l’aurait encouragé dans ses pensées suicidaires, d’après le récit de sa compagne.

La première étude mondiale sur l’impact de l’IA évalue la chute des rémunérations des artistes à 24 % dans la musique d’ici à cinq ans. Dans l’audiovisuel, la baisse est estimée à 21 %.
A contrario, le marché des contenus tant musicaux qu’audiovisuels générés par l’IA va connaître « une croissance exponentielle, en passant dans les cinq prochaines années de 3 milliards d’euros à 64 milliards d’euros en 2028 ». Une manne qui ne profitera en rien aux créateurs, en raison de « l’effet de substitution de l’IA sur leurs œuvres », affirme l’étude. Sans surprise, les fournisseurs d’IA générative profiteront, eux, pleinement de ces évolutions technologiques et bénéficieront d’une croissance très soutenue.
Les auteurs de l’étude se veulent particulièrement alarmants concernant le sort de certaines professions, comme celles des traducteurs et adaptateurs qui travaillent dans le doublage et le sous-titrage. Ils risquent de perdre 56 % de leurs revenus. Dans la même veine, les scénaristes et les réalisateurs pourraient voir leurs commandes amputées de 15 % à 20 %.

Dans un rapport fleuve de 334 pages, l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) dénonce un plan « sans objectifs, gouvernance ni suivi ». Il formule 18 recommandations dont cinq pour améliorer le prochain sommet sur l'IA en février.